Des transports publics pour tous ? Une évaluation des arrêts de la STIB à Bruxelles
Le 27 juin 2024 sont organisées les premières « Assises de l’accessibilité » à Bruxelles. L’une des dimensions abordées est la mobilité, en particulier l’accessibilité des transports en commun. Pour une personne en situation de handicap, en effet, recourir à des moyens de déplacement privés est parfois la seule manière de se déplacer, faute d’arrêts adaptés aux points de départ et d’arrivée. Ce constat, dénoncé depuis de nombreuses années par les associations qui travaillent à l’égalité des droits des personnes en situation de handicap, n’avait jamais fait l’objet d’une objectivation quantifiée.
Quelles sont les contraintes qui pèsent sur les déplacements de ces personnes ? Quelle proportion des arrêts de transports bruxellois est-elle adaptée aux besoins spécifiques de ces usagers ? Certains quartiers sont-ils mieux desservis que d’autres en la matière ? Une équipe de géographes, ingénieur et sociologue de l’Université libre de Bruxelles (Frédéric Dobruszkes et Julien Descamps) et de l’UCLouvain (Martin Grandjean et Arthur Nihoul) a collaboré pour répondre à ces questions et mieux connaître les problèmes d’accessibilité à Bruxelles. Ils présentent leurs premiers résultats dans le 193e numéro de Brussels Studies.
Les chercheurs se sont concentrés sur le réseau de la STIB, qui forme la majorité du maillage de transport en commun bruxellois. Ils ont pris en compte 2 487 arrêts sur les 4 lignes de métro, 17 lignes de tram et 66 lignes de bus exploitées au moment de l’enquête (septembre 2022). Pour évaluer leur niveau d’adaptation aux déplacements des personnes en situation de handicap, les auteurs ont eu de nombreux échanges avec des associations et la STIB. Ensuite, ils ont accompagné 24 utilisateurs et utilisatrices des transports publics en situation de handicap durant 33 trajets à travers Bruxelles.
Ces préalables à l’étude technique des arrêts ont montré que les degrés d’autonomie varient pour une déficience considérée et que des personnes porteuses de déficiences différentes rencontrent des obstacles communs. Dans l’étude, les chercheurs privilégient donc les contraintes de déplacement susceptibles d’entraver le recours aux transports publics, sans se référer aux déficiences. Ces contraintes impliquent qu’un nombre restreint d’arrêts et de véhicules de transport public peuvent être utilisés lors d’un déplacement.
Les résultats cartographiques présentés sont d’une grande originalité : la recherche sur l’accessibilité des transports prend trop peu en compte les contraintes des personnes en situation de handicap, et plus rarement encore à l’échelle d’une ville entière. Selon les modes de transport, l’année de construction des arrêts ou le soin porté aux respects des normes actuelles, les arrêts sont ou ne sont pas inclusifs, partout dans la ville.
Les résultats sont aussi d’une grande utilité pour l’action publique bruxelloise et la prise de conscience des inégalités d’utilisation des transports publics. Travailler à l’amélioration des arrêts ne profite pas qu’aux personnes en situation de handicap : un nombre plus important encore de voyageurs et voyageuses à mobilité réduite, par l’âge, l’accompagnement d’un enfant ou les courses de la semaine, verraient leur utilisation des transports en commun facilitée et ainsi encouragée.
Lire le texte complet: Frédéric Dobruszkes, Martin Grandjean, Arthur Nihoul et Julien Descamps, « Des transports publics pour tous ? Une évaluation des arrêts de la STIB à Bruxelles », Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n° 193, mis en ligne le 23 juin 2024, consulté le 30 juin 2024. URL : http://journals.openedition.org/brussels/7662