Toponymie

Ce projet développe une classification de l’ensemble des noms de voiries d’un territoire urbain, en l’occurrence la Région de Bruxelles-Capitale.  

L’objectif est d’élargir le point de vue sur l’odonymie, en ne se concentrant pas uniquement sur les noms de personnes ou sur certains événements (guerre, colonisation…). Ces approches thématiques, tout en étant particulièrement précieuses puisqu’elles démontrent l’importance de l’odonymie dans les logiques politiques d’un territoire, écartent pourtant un large pan de l’odonymie ; celui qui ne s’inscrit pas dans une démarche commémorative inductive. Que révèlent les noms de voiries qui font référence à des fleurs ou à des arbres ? Quelles sont les traces du passé rural et de la production agricole que l’odonymie fait persister ? Comment les noms faisant référence au relief, à la géologie du sol, à la morphologie de la rue ou à l’hydrographie décrivent-ils un paysage aujourd’hui partiellement disparu ou couvert ?  

C’est à partir de ces questions que la constitution d’une base de données odonymique exhaustive s’est imposée. Schématiquement, celle-ci est constituée d’une liste de noms de voiries (listées en fonction de leur dimension générique) localisables dans l’espace et d’une interprétation du terme spécifique qui y est associé. Cette interprétation permet le classement de l’odonyme en différentes catégories et sous-catégories.

Pour établir la liste des objets à classer, nous sommes partis de l’ensemble des noms de voiries répertoriés sur la base de données UrbIS, soit les voiries officiellement reconnues et figurant dans la cartographie officielle de la Région de Bruxelles-Capitale. Nous avons donc analysé une base de données regroupant un peu plus de 5099 odonymes uniques désignant des voiries (auxquels nous pourrions ajouter 183 noms d’espaces verts, soit un total de 5 282 odonymes en Région bruxelloise).

Pour chaque odonyme, une des trois macro-catégorie a été assignée (utilitaro-descriptive, symbolique ou commémorative) ainsi qu’une ou deux (sous-)catégorie(s). Dans certains cas en effet, un odonyme peut correspondre à plusieurs interprétations, surtout lorsqu’il s’agissait de noms de personne. Des personnalités se sont par exemple fait connaitre pour leurs activités industrielles et leur engagement politique, ou pour leur participation militaire au Front de l’Yser lors de la Première Guerre mondiale et dans les conquêtes coloniales ordonnées par le roi Léopold II. Dans ces cas, l’odonyme pouvait recevoir jusqu’à deux catégories, sans que cela n’induise une hiérarchisation entre celles-ci. Parfois, une troisième catégorie aurait pu être ajoutée. Afin de garder notre objectif initial (quantifier et cartographier), nous nous sommes limités à deux catégories en essayant de sélectionner les actions les plus représentatives de l’hommage rendu.

Au sein des macro-catégories, nous avons décliné une série de catégories et de sous-catégories : élus politiques, propriétaires terriens, Première Guerre mondiale, etc. ; faune et flore, production agricole ou industrielle, etc.

Les allers-retours entre la construction déductive de notre arbre de catégories, et son affinement inductif au regard des cas rencontrés a permis de développer progressivement un arbre de catégories relativement détaillé, permettant de classer chacune des 5 099 voiries de la Région de Bruxelles-Capitale en 21 catégories et 76 sous-catégories.