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La perception par les citoyens de la présence des institutions internationales à Bruxelles

Berlaymont building (European Commission)

La guerre en Ukraine a placé depuis plusieurs mois les institutions internationales présentes à Bruxelles, en particulier l’Union européenne, au centre de l’actualité. Cette présence internationale importante de Bruxelles sur le plan politique reste cependant peu étudiée sur le plan de la perception qu’en ont les citoyens. Brussels Studies publie ce lundi 13 juin les premiers résultats d’une étude menée en septembre 2021 par François Foret (CEVIPOL), auprès d’un échantillon représentatif de Bruxellois·es.

Première observation : la relation des Bruxellois·es interrogé·e·s aux institutions internationales que la ville accueille est avant tout caractérisée par une vision utilitariste soulignant les bénéfices tirés de la dimension internationale, sans en ignorer les aspects plus négatifs et le ressenti d’un greffon allogène sur le corps urbain et social de la ville. L’auteur rappelle à cette occasion que la contribution des institutions internationales (tous types confondus) est évaluée entre 23 % et 26 % de l’activité régionale et entre 19 % à 20 % des emplois pour la Région Bruxelles-Capitale. L’étude montre également que les personnes sondées évaluent positivement – avec quelques bémols – la présence des institutions internationales dans leur ville sur le plan collectif et individuel, tant pour les aspects matériels (économie, emploi, biens publics) qu’immatériels (identitaires et culturels). Les institutions internationales apparaissent ainsi comme un marqueur identitaire fort dans la représentation de la ville qu’ont les enquêté·e·s. Ils et elles expriment cependant une relation assez distanciée et surtout très inégale à ces institutions, associée à des connaissances somme toute limitées sur les institutions internationales présentes à Bruxelles et à des contacts très restreints avec ces dernières.  Les résultats corroborent, enfin, la représentation commune d’un Quartier européen stricto sensu déserté ou simplement ignoré par la population qui n’a pas de lien direct avec les institutions internationales.

Au final, il ressort des réponses des citoyens l’image de deux mondes – l’international et le local – qui coexistent et interagissent sans hostilité et à bénéfices mutuels, mais dans une certaine indifférence et sans ne guère s’interpénétrer. Une recherche déjà ancienne sur les Britanniques montrait que ces « expats » s’appropriaient l’espace bruxellois comme une « ville parallèle », s’articulant autour du centre historique, de lieux de services et de loisirs spécifiques proches de leurs lieux de vie ou de travail. Une étude plus récente citée par François Foret et portant sur les personnels travaillant pour les institutions européennes, montrait pour sa part que leur sentiment d’appartenance à la société bruxelloise existait, bien qu’assez faiblement, tout en étant supérieur à celui d’appartenance à une « bulle européenne ». Ces observations et les perceptions ici présentées de l’existence d’un entre-soi cosmopolite, ponctuellement intégré dans le territoire local, se rejoignent donc. Elles invitent à rediscuter les connaissances existantes sur la socialisation des institutions internationales, et ce que l’observation au niveau « micro » de leur implantation locale peut nous dire sur les dynamiques de construction d’une communauté politique autour d’elles.

Pour lire l’article complet: François Foret, « Si loin, si proches ? La perception par les citoyens de la présence des institutions internationales à Bruxelles »Brussels Studies [En ligne], Collection générale, n° 170, mis en ligne le 13 juin 2022. URL : http://journals.openedition.org/brussels/6109